vendredi 24 février 2012

Murielle Gauthier, confidente de pédophile, cas de conscience de l'Eglise

Murielle Gauthier, confidente de pédophile, cas de conscience de l'Eglise
AFP, Mise à jour : vendredi 24 février 2012 12:03
"  Murielle Gauthier fut la conscience de Pierre-Etienne Albert, ce religieux qui lui a confessé ses actes pédophiles sur des dizaines d'enfants; aujourd'hui elle accuse l'Eglise de l'avoir ostracisée pour avoir révélé les turpitudes de l'un des siens.

Cette mère de 40 ans vit dans l’ancienne abbaye de Bonnecombe, édifice magnifique et austère du 12ème siècle, où le poële de la salle à manger peine à réchauffer l'atmosphère glaciale. A ses côtés demeurent trois anciens membres de la communauté catholique des Béatitudes dont Pierre-Etienne Albert était le chantre. Aujourd'hui, "tout va bien, tout est rentré dans l'ordre", dit-elle, avec une ironie amère. "Les victimes ont été entendues, Pierre-Etienne est en prison, la communauté est censée être en ordre, guérie. Mais notre situation, elle, reste la même".
La plupart des membres des Béatitudes ont quitté Bonnecombe en 2002. Un an plus tôt, Murielle avait eu "l'intuition" des agissements de Pierre-Etienne Albert. Depuis, l'évêché de Rodez, propriétaire des lieux, attend le départ des quatre irréductibles.Murielle Gauthier, yeux et boucles noirs, est née d'un père marocain, d'une mère aux origines russes. Sa mère la maltraite, et elle est placée en famille d'accueil. Elle subit, dit-elle, les abus sexuels réguliers du père de famille. Elle sera internée quatre ans en hôpital psychiatrique.

A 14 ans, sa rencontre avec un prêtre, alors qu'elle nettoie des tombes d'enfants, lui a "sauvé la vie" car elle était prête à tuer ou à se tuer, raconte-t-elle. Il accompagne sa conversion au catholicisme.
Un mari tailleur de pierres dont elle est séparée aujourd'hui lui fait "cadeau" de sa fille, Vanille, 20 ans, et de pas grand-chose d'autre. C'est lui qui l'entraîne dans le courant du Renouveau charismatique auquel appartiennent les Béatitudes. "Ce n'était pas ma sensibilité, je n'étais pas à l'aise avec cette foi dans l'émotion".
La famille arrive à Bonnecombe en 2000. Pierre-Etienne Albert y vit depuis deux ans. Très vite, elle fait "un cauchemar récurrent", où elle voit des enfants nus et enchaînés en compagnie du chantre alors respecté. Elle l'interpelle et il avoue. Dès lors, elle n'a de cesse de protéger les enfants. "Je deviens la gardienne, partout où il ira, j'y serai". Elle et ses trois compagnons ont été les "bracelets électroniques de Pierre-Etienne".

Une procédure judiciaire ouverte dans la Manche avorte. Murielle Gauthier revient à la charge et ce ne sont plus 15 noms de victimes que Pierre-Etienne Albert lâche, mais 68. En août 2007, elle saisit le procureur d'Albi. Le 1er décembre 2011, le chantre est condamné à Rodez à cinq ans de prison.

Murielle Gauthier en veut aux responsables des Béatitudes, qui alertés, n'ont pas fait grand-chose selon elle. Au contraire, ils se sont "acharnés" contre elle. On l'a accusée d'être "possédée par le diable".
Henry Donneaud, frère dominicain chargé par le Saint-Siège en 2010 de faire le ménage dans la communauté, dément tout ostracisme; en fait, dit-il, dès l'arrivée de Murielle à Bonnecombe, les Béatitudes se sont scindées en deux. Ceux qui ne "supportaient pas l'emprise qu'elle avait sur l'abbaye sont tous partis", raconte-t-il. Il évoque des "rumeurs de phénomènes mystiques, psycho-spirituels" qui circulaient sur son compte. Il veut cependant rendre "profondément justice" au petit groupe pour sa gestion du "problème de Pierre-Etienne".
Murielle est soulagée d'avoir tourné cette page même si pour elle, l'ex-chantre n'a pas pris la mesure du mal fait aux victimes. Elle l'a invité, lors d'un parloir, à "faire une relecture de (sa) vie".
Les quatre de Bonnecombe, qui ont créé une association de fidèles, aimeraient à présent trouver un accord avec l'évêché. Ils voudraient proposer des tables d'hôtes et des retraites spirituelles, pas forcément à Bonnecombe.    "

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