Jérôme Vignon, président des Semaines sociales et défenseur d'une vision sociale du christianisme, se prononce sur notre sondage qui révèle que les catholiques pratiquants votent plus à droite que la moyenne des électeurs français.
Quel regard portez-vous sur ce sondage ?
Il ne me surprend pas. Cela fait plusieurs années que nous constatons une différenciation politique entre un noyau des catholiques pratiquants et le message progressiste que portent les Semaines sociales. Cela vaut d'une manière générale, pour le message de ce qu'on peut appeler "l'Eglise militante". La majorité des pratiquants est en décalage avec la doctrine sociale de l'Eglise, c'est un fait.
Cet éloignement est-il vraiment nouveau ?
Pas vraiment, non. Les Semaines sociales ont été créées en 1904 et, à cette époque déjà, elles se trouvaient en porte-à-faux avec la vision de la majorité du patronat catholique. Il faut le dire, ce monde regardait Rerum Novarum, l'encyclique de Léon XIII qui a initié à la doctrine sociale de l'Eglise, d'un mauvais œil. Mais il est vrai aussi que nous avons connu un "âge d'or", correspondant aux années 1950 et 1960. Cette époque a vu se déployer une étonnante harmonie entre le christianisme social et les usages de la société française, qui, d'une certaine manière, nourrissaient les uns des autres. Les choses ont changé depuis : la société s'est émiettée, l'individualisme a pris une place accrue...
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